Article paru dans le journal paroissial "Ensemble"
Auteur inconnu à ce jour.
CUDOS
La pluie qui tombe sur le Bazadais ruisselle soit vers le
Beuve, soit vers le Ciron. Cudos a pour limite nord la ligne de partage des eaux
entre les deux; la localité s’est placée dans le bassin d’un ruisseau et de ses
affluents qui se regroupent pour aller rejoindre Ciron derrière Beaulac. On est
déjà dans les sables landais, mais les.ruisseaux enlèvent le sable et dégagent
une étendue de bonne terre. Plus loin, daris la lande un ruisseau plus modeste a
donné naissance a Àrtiguevieille, qui a été rattachée à Cudos; pendant la
Révolution.
Il y a vingt-cinq ou trente siècles, les hommes de l'époque
ont édifié des tumulus, grands dômes de terre recouvrant les cendres de leur
mort : on en a recensé neuf ; deux « au paysan de Lajus », un qui a été fouillé
à Deyres, cinq près de Magay et un à la Roche. Ils se trouvent tous suri la
ligne de partage des eaux. C'était l’endroit où les bergers nomades et les
autres habitants pouvaient se déplacer en évitant au maximum les fonds humides.
Cet itinéraire a été pendant très longtemps le principal chemin de Cudos, la
route d’Àrtiguevieille vers Cudos et Marimbault; il partait du Haurion et
coupait I'actuelle route nationale près du passage à niveau ; mais son tracé ne
correspondait pas aux lieux habités et il a été abandonné, ce qui fait que
certaines maisons ont du mal à rejoindre les routes nouvelles.
L'époque romaine a laissé des traces au quartier de Conques:
une ancienne paroisse partagée pendant la Révolution entre Bazas et Cudos; son
nom.vient peut-être de ce qu'elle occupait une cuvette, avec des sources, au
départ d’un ruisseau qui, lui, va se jeter dans le Beuve. Dans le cimetière qui
entourait l.église détruite, on a trouvé des monnaies romaines et des
sarcophages .Une source surmontée d'une croix (au « Petit Couchey ») attirait
jadis les pèlerins.
La présence romaine s'est manifestée également par la
construction d’une voie qui allait en ligne droite de Bazas vers les pays du
Gers ; son passage dans notre secteur a 'facilité.la mise en valeur de quelques
terres médiocres auprès d'un ruisseau : c'est l'origine d'Artiguevieille dont le
nom signifie défrichement ancien; on entend parler de son église en 1164 : les
moines Cisterciens y ont une terre où lis se signalent par leur drainage.
Un recensement en 1274 montre qu’une part assez importante de
la population est constituée de petits propriétaires, dont.les terres sont
morcelées par les héritages; ce sont, souvent des terres gagnées sur la forêt et
assez proches des ruisseaux; on y trouve mention de Cabanac, Labeyrie, Ariol et
de l'église.
Sur la période troublée des guerres anglaises et des guerres
de religion, on n'a aucun renseignement, sinon que l'église a été fortifiée :
deux meurtrières dans le mur nord-est et surtout le clocher : ses deux gros
murs, qui encadrent Ia porte, supportent une grosse tour carrée et l’on voit
encore le mâchicoulis qui permettait de bombarder ceux qui auraient voulu forcer
l'entrée ; à cette époque où les maisons étaient en terre et en bois, l'église
était le seul refuge.
Vers 1700, la plus grande partie du sol appartient à quelques
grandes familles qui résident sur place. La plus ancienne, Lalande de Lajoubère,
avait à Fond de la Peyre une maison noble dont il reste quelques vestiges. Les
divers membres de la famille Brustis possédaient la moitié de Cudos: pour se
différencier, ils faisaient suivre leur nom de celui de leur maison : Fonbardin,
Piroye, Lamoulette, Lagrange, Lachasse, Cabanac. Ce dernier, devenu lieutenant
de police de Bazas, fut ennobli et devint Brustis de Cabanac; il fit construire
à cette occasion une maison qui existe encore. Un autre Brustis transmet par
héritage son domaine de Labeyrie aux Giresse, dont I'un devint le bras droit du
fils de Louis XVlll; ennobli en 1818, le baron Giresse de Labeyrie fit élever un
château à la mesure de sa nouvelle condition ; c'est le cadre de l'Ecole
d'Agriculture.